
Il faut dire que pour ce nouveau projet, Emile Parisien a su s’entourer. Manu Codjia, toujours aussi inventif à la guitare, virevolte autour d’une section rythmique de choc (Simon Tailleu à la basse et Mario Costa à la batterie), tandis que Joachim Kühn fait sonner un piano fort et clair.
Quant au leader, il alterne avec une délectation audible entre son ténor et son soprano (c’est, comme toujours, avec ce dernier qu’il se montre le plus convaincant). Et sur quatre morceaux, il se paie le luxe d’inviter deux VIP : Vincent Peirani à l’accordéon et Michel Portal à la clarinette basse. Rien que ça.
Avec des artistes de ce calibre, on se doute que la musique est impeccablement réalisée. Mais surtout, elle vit. On a l’impression de surprendre les instrumentistes en pleine discussion. Jamais dictatorial, Emile Parisien organise la conversation. On sent bien que le but de ces musiciens n’est pas de se mettre en avant (pas besoin !), mais de servir un propos collectif.
L’esthétique de Sfumato est beaucoup moins abstraite que sur certains des disques antérieurs d’Emile Parisien (on pense notamment au rugueux Chien-guêpe). Le saxophoniste fait ici montre d’une vraie science de la scénarisation.
On ne s’ennuie en effet jamais sur ce disque, les ambiances sonores changent en permanence. La musique est tantôt narrative (comme sur la suite Le clown tueur de la fête foraine), tantôt espiègle (comme sur Poulp), tantôt d’une noirceur d’encre (Brainmachine). Bref, elle est mouvante, elle respire. On en redemande.
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Sfumato, par Emile Parisien Quintet, paru chez ACT le 30 septembre 2016
Emile Parisien : saxophones tenor et soprano
Joachim Kühn : piano
Manu Codjia : guitare
Simon Tailleu : contrebasse
Mario Costa :batterie
Invités : Michel Portal (clarinette basse) et Vincent Peirani (accordéon)
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